Une ambiance stupéfiante

Publié le par Jullian

La plupart d'entre eux viennent probablement de familles riches. Ce sont des petits bourgeois qui s'efforcent de vivre le plus librement possible, et en ont les moyens. Un couple dans le groupe ne vit d'ailleurs plus en Iran mais en Inde. La plupart d'entre eux y sont allés une ou plusieurs fois, et cela se ressent dans leurs fringues, la musique qu'ils écoutent ou qu'ils jouent.

Pour la première fois aussi je rencontre des iraniens (et même pour la première fois des "non-occidentaux") qui, a la question "qu'est-ce que tu fais dans la vie ?", répondent comme moi : rien, pas grand chose, je voyage, je me ballade, j'ai arrêté de bosser. L'un d'entre eux revient de 3 ans de voyage, avec des boulots de temps a autre pour relancer la machine. Un autre, autour de la cinquantaine, a mis entre parenthèses son boulot de traducteur (il bossait pour la BBC), et se laisse vivre agréablement.

Avec lui, je parle de la Vipassana, 10 jours de méditation intensive et stricte. Une chose que je meurs d'envie d'essayer une fois en Inde et qu'il a déjà connu. Il renforce mon envie en m'en disant le plus grand bien, combien cela te transforme... Grâce a Yuan, j'apprends aussi que deux d'entre eux sont des business man/woman. Elle me montre le couple qui est a un mètre d'elle, toute hallucinée, et me crient : "Juyan, c'est des business men, ils sont riches !". Ils essaient ensuite de lui faire capter qu'ils ne sont pas riches mais font juste du business, mais elle a déjà intégrée ce qu'elle voulait et est pass
é a autre chose. Quelle plaie, mais quelle plaie !


Les musiciens sont retourn
és a leurs instruments : Oud, Tar, daf, percussions en tous genres, didgeridoo, flûte traversière...La musique bat son plein. Son pouvoir hypnotique et relaxant est accentué par les pétards qui tournent dans tous les sens. Ça fait longtemps que j'ai pas fumé, surtout de cette qualité, et je pars vite dans la stratosphère, surfant sur les notes planantes du Oud. Je reste tranquille et silencieux, plus ou moins consciemment désireux de me faire discret, pour contrebalancer l'invasion mentale que perpétue cette terroriste de Yuan.

Mon appareil fait son âne bâté, pas moyen de prendre des photos pour immortaliser ces instants qui ne resteront donc que dans ma mémoire, comme si j'avais rêvé ce petit îlot de liberté au milieu de l'Iran, cet espace baba-cool. De toute façon, je craignais que mon appareil ne soit vu comme une nouvelle agression. Je pars un peu trop dans les nuages alors je décide d'aller faire un tour, prendre l'air pour me remettre d'aplomb. Ça aide un peu, mais un peu seulement.


A mon retour, Mazyar est arriv
é. Il a un visage et une stature impressionnante. On dirait un gourou. Ses longs cheveux lui font comme une crinière de lion. Il me salue en français de sa voix caverneuse. Je fais de même brièvement, mais n'arrive pas a enchaîner, trop impressionné et embrouillé davantage par ce shit fabuleux. Même pas un merci de m'accueillir a l'impromptu, ravi de vous connaître, j'adore l'ambiance ici...Pas la moindre politesse ou banalité d'usage. Pitoyable.
Rendu monomaniaque par le shit, je ressasse ça toute la soirée, persuad
é d'avoir été impoli et d'avoir ruiné toute chance de contact avec cet homme qui me fascine. Je m'en rappelle plus bien, mais je crois pas avoir fait beaucoup mieux avec Ariane, sa femme, qui est franco-iranienne donc ça aurait du faciliter les choses, mais non. Je suis dans un drôle d'état, décidément.

On mange tous dans le calme en compagnie du patriarche, l'air grave, peu bavard et peu engageant. Alors qu'Ariane au contraire est la douceur, la légèreté incarnée, arborant souvent un sourire épanoui, riant facilement (mais pas stupidement). Ils font un sacr
é couple tous les deux.


La soirée se poursuit en musique avec Maziar au centre qui essaiera tour a tour tous les instruments (seule la flûte lui résiste). Je me rends compte alors que, même si certains d'entre eux connaissent Maziar personnellement, d'autres semblent assez impressionn
é aussi par le personnage et lui montre un respect intimidé.

Yuan est partie regarder la télé. C'est l'ouverture des jeux olympiques. J'en vois deux minutes, juste du blabla. C'est donc commenc
é, ces jeux, enfin. Mais ça me parait loin tout ça a ce moment précis. Le 08/08/08. Pendant le trajet, je disais en rigolant que c'était tout bon de voyager avec une chinoise un jour aussi bénéfique, que ça nous porterait chance. Le voyage s'est en effet passé en douceur, mais tu parles d'une chance au final.

Je suis aid
é dans mes tentatives d'éviter Yuan par Pedram, le voyageur au long cours dont je parlais plus tôt. Il m'emmène sur le toit ou une partie du groupe discute et fume au calme. On se pose dans un coin, sur des tapis, éclairés a la bougie. On a une belle vue sur le village et le désert, visibles grâce a la lumière de la lune. Pedram improvise des musiques sur son Oud. Pas besoin de discuter. Juste se relaxer et écouter. Enfin, je suis tout a fait a l'aise.

Publié dans IRAN

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article