Menace sur l'oasis

Publié le par Jullian

Ça a bien duré 5-6h avant qu'on arrive a Khur, ville la plus proche de Garmeh. Je tends un "gros" billet a notre ami pour le voyage tout confort qu'il nous a offert. Il ne refuse "que" deux fois avant de l'accepter avec un sourire.

A peine descendu du camion, un chauffeur de taxi incroyablement jovial nous demande avec sa voix haut perchée : "Mazyar ? Garmeh ?". Ouais c'est bien ça, roule mon coco.
"Mais c'est bien ouvert ? - Oui, oui, c'est ouvert.
- Ah bon ! ben super. Et y'a du monde la-bas déjà ?
- Oui, y'a 15 touristes.
- Quoi ?! 15 !"
Bon, ben on repassera pour le havre de paix au milieu du désert. On va se taper tout un groupe. Tant pis. On efface les 40 km en une vingtaine de minutes. Pas de village crois
é pendant le trajet, pas une âme qui vive, si ce n'est suggérée par les panneaux "Attention Dromadaires". Autour de nous, que du désert et des collines rocailleuses, majestueuses et colorées.

On arrive au village, entour
é de palmeraies et formé de maisons en terre construite au pied d'une colline. On est pas attendu, mais Habib, qui fait tourner la pension pour Mazyar, nous accueille chaleureusement. La maison est endormie, tout comme les touristes de passage qui sont vautrés dans leur chambre ou dans le salon, cherchant de la fraîcheur auprès du climatiseur. Ils sont tous iraniens, a notre grand soulagement.

La plupart d'entre eux viennent de Teheran. Ils se sont donn
és rendez-vous ici pour profiter quelques jours de cet oasis de liberté et de calme. Pendant qu'on sirote le thé, ils sortent un a un de leur léthargie et nous rejoignent. La plupart d'entre eux sont musiciens ou artistes. Ils ont passés la nuit a chanter et danser autour d'un feu au milieu du désert, ce qui explique leur fatigue. Ici, il n'y a pas d'interdits, pas de code vestimentaire ou quoi que ce soit. Chacun fait ce qu'il veut.

Une cousine de Sinead O'Connor, aux mêmes cheveux ras, avec un haut au décolleté plongeant, et un visage, une voix et un comportement enfantin, se pose avec nous. Yuan en est estomaquée et ne peux pas s'empêcher de se lancer dans une série de questions énervantes, presqu'un interrogatoire. Mais tu as les cheveux courts ? Tu n'as pas le droit, si ? Et puis tes vêtements sont color
és ?! Tu n'es pas habillée correctement, hein ? Tu peux pas sortir comme ça dans la rue, si ? Tu ne mets pas le hijab ? Et elle insiste, et insiste. Moi de mon coté, j'ai envie de m'enfoncer sous terre et de disparaître tellement je suis gêné. Comment la faire taire ? Ne peut-elle pas juste se taire et profiter de l'ambiance.


Ces questions qui ne s'arrêtent jamais changent totalement le climat. Certains se ferment, d'autres l'ignorent ou l'évitent, et quelques rares persistent a essayer de l'éclairer. Je me désolidarise au maximum et fait de mon mieux pour l'ignorer a mon tour, mais c'est difficile dans ma position. Je me sens maudit d'être arriv
é ici et d'y rencontrer la "crème du cool" iranien en compagnie de cette mégère, de la nana la plus ennuyeuse et agaçante qu'il m'ait été donné de voir sur les routes. Elle ne s'arrête jamais de les regarder comme des extraterrestres et de leur poser toute sorte de questions inquisitrices.

Publié dans IRAN

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