Retour à la case départ

Publié le par Jullian

Vendredi 17 Juillet 2009


Pas plus de trois heures de repos et me voilà en train de charger mes affaires dans le taxi. Pas la moindre mélancolie ou regret à quitter cet endroit (Bhagsu). J'y pense même pas à vrai dire. Tout ce que j'ai en tête, c'est que je vais bientôt être à Varanasi.


Pendant le trajet, Vinod me traduit un peu les chansons d'amour déchirantes qui passe dans l'autoradio. Ils y vont pas avec le dos de la cuillère, c'est sûr. « Si tu viens pas je vais mourir, je sens mon souffle qui diminue déjà, je vais mourir... ». On s'amuse un peu à deviner le nombre de beat dans les rythmes de chaque chanson. Ça devient vite lassant car c'est presque toujours 8 beats dans ce genre de chansons.


Petit arrêt dhaba sur la route. On est dans les plaines du Punjab à présent et ça chauffe dur. Je sue à grosses gouttes. C'est assez insupportable, pour moi comme pour les autres. Le changement est radical avec la fraicheur de Bhagsu. Ça me donne une bonne idée de ce qui m'attend à Kashi. On arrive plus tôt que prévu à la gare, vers 13h15. Le train de Vinod pour Delhi est à 22H. Il compte louer une chambre et aller mater un film. Le notre est à 15h40, alors on attend comme des cons à la gare, assommés par la chaleur. Bonne nouvelle, le train a (déjà !) deux heures de retard. On part vers 18h. Une vingtaine d'heure de voyage que je passe en grande partie à dormir ou somnoler. Je récupère bien du manque de sommeil, pour le coup. Et le fait que ma couchette ne fasse qu'un mètre cinquante de long ne me dérange plus après un certain temps. On arrive avec trois heures de retard à Varanasi. Nitish, Jyan et moi partons chacun de notre côté dans une direction différente. Le New Kumiko est plein, tout comme le Old Kumiko, et la Om Rest House à côté. Anjay m'avait prévenu, c'est blindé de monde en ce moment. Beaucoup de japonais et de coréens. Encore plus que d'habitude. Je trouve une chambre assez vite quand même, au Modern Vision. Je comprends très vite le problème des coupures de courant incessantes et interminables. Pas de courant = pas de ventilo = l'enfer. Je me ballade et vois des têtes connues. Discutent avec mon voyagiste, qui m'offre un chai, avec un dealer à qui je n'ai jamais acheté mais qui n'a jamais cessé de me parler, je me pose à Kashika Music, où je discute avec Shothu, qui m'offre aussi le chai. Une petite demi-heure plus tard, alors que je sirote mon chai en terrasse, j'aperçois une silhouette familière qui s'avance dans la Bengali Tola. Anjay me repère à son tour. Ça fait plaisir de le retrouver, le néo-prof de français. On bouge ensemble à son nouveau repère gastronomique, au Reva, les voisins de Kumiko. C'est vrai que la cuisinière japonaise est pas manchot. On enchaîne avec le Kerala Café : des bons iddlis et un mix uttapam. Yummee !


J'avais oublié que la ville se couchait tôt ici. Il est 20h30 et déjà les rues sont désertées, les boutiques ferment. Et le blackout aide pas à mettre l'ambiance. On se sépare là avec Anjay. Je discute avec Shu, mon voisin japonais avec qui je partage le même balcon. Il a un mois de vacances qu'il compte passer à faire de la méditation dans un ashram, à Rishikesh.


Je me fais une heure d'internet, et me bat ensuite avec les innombrables bébêtes qui squattent mon lit. Avec elles et la chaleur suffocante. Dur de trouver le sommeil mais je suis motivé. Plus tôt endormi, plus vite je me réveillerai. En espérant qu'une chambre se libère au New Kumiko.



Samedi 18 Juillet 2009


Réveil à 10h. Pas de chambre libre au Kumiko. Je vais au Reva, où se trouve Anjay, comme prévu. Il est en compagnie d'un japonais, sitariste et coiffeur. On est les seuls non asiatique dans la salle d'ailleurs. Ambiance paisible et agréable. Beaucoup de musiciens dans le lot


Retour à Modern Vision avec Anjay. Il m'a dit que Tetsu est dans le même hôtel. On passe à sa chambre mais y'a personne. Je sors mes tablas et commence à jouer. Peu de temps après, Anjay revient avec Tetsu. Encore une personne que ça fait plaisir de revoir. On parle aussitôt des bœufs qu'on va pouvoir faire ensemble. Comme toujours, il passe ses journées à pratiquer sur sa sitar. C'est aussi pour ça qu'il a écourté son voyage en Égypte. Il avait en tête un bon voyage de quelques mois, avec aussi le Maroc et d'autres pays. Mais l'appel de la sitar, restée à l'attendre à Kumiko, aura été plus fort que tout. Il a même pas pris le temps d'aller voir les pyramides. Il s'est posé dans une petite ville paisible et n'a plus bougé. Rendez-vous est pris pour ce soir pour jouer ensemble.


En en discutant avec Anjay, j'ai décidé de changer mes plans de voyage. Il voyait bien que j'avais qu'une envie, c'est de quitter l'Inde et voir l'Asie du sud-est. Il s'est contenté de me le faire remarquer et de me dire : « Pourquoi tu t'emmerdes alors ? Vas-y ! Le Sri Lanka attendra, et l'Annapurna a pas l'intention de s'en aller de si tôt, tu reviendras une autre fois, tu t'en fous ! ». Comme souvent avec Anjay, ses conseils sont la simplicité même, l'évidence. Et ils se discutent même pas. Alors voilà, c'est décidé, je vais prendre un vol pour Bangkok. Quand, c'est pas encore décidé. La présence de Tetsu pourrait me faire rester un peu plus longtemps sur Bénarès, si la pratique ensemble s'avère être vraiment un truc intéressant. Sinon, je partirai dans un mois au plus tard. Vol pour Bangkok, je file au Cambodge, remonte au Laos, puis pars en Malaisie, Indonésie...

J'ai hâte d'y être. Je suis tout excité.


Je pratique les tablas dans ma chambre. Différents japonais montre leur tête à ma porte, à l'écoute de la musique. Un joueur de didjeridoo, Tiger, un tout récent joueur de tabla dont j'arrive pas à comprendre le prénom, puis une nana amie de Tiger. J'aime bien la curiosité qu'ont les japonais pour les autres musiciens. Ils sont très timides et réservés, mais ils leur suffit d'entendre un musicien jouer quelque part pour qu'ils viennent voir aussitôt, naturellement.

Publié dans INDE

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