Retrouvailles avec mon guru

Publié le par Jullian

Mercredi 27 Mars 2009


J'ai appelé Jyan la veille, pour reprendre enfin les cours de tabla et réparer le dhaya défectueux. 10h du matin. J'arrive un peu à la bourre, réveillé naturellement en retard, et ayant mal calculé le temps que ça prendrait pour faire le trajet en rickshaw, et aussi le temps que ça prendrait pour en trouver un qui accepte un prix raisonnable.


Ça fait plaisir de se retrouver. Il me prend dans les bras, ce qui est très inhabituel, peut-être la première fois. Ça me fait bizarre. Car ma relation même avec lui est étrange, ambigüe. D'un côté, c'est mon maître, mon mentor, mon prof, et j'ai besoin et envie de le regarder et le traiter avec cette distance respectueuse du disciple vers son maître. De l'autre, il insiste sans cesse sur le fait que pendant les cours même, c'est forcément maître/élève, mais que le reste du temps, il faut le considérer comme un ami. On a à peu près le même âge (il a deux ans de moins que moi) donc ça devrait se faire naturellement, mais j'arrive pas à différencier le maître de l'ami. Je suis du coup toujours le cul entre deux chaises, et pas totalement à l'aise. Ça changera peut-être bientôt.


Car on va être amené à mieux se connaître. Après les salutations et tout le tralala, il me soumet son plan pour les mois à venir. Il m'en avait déjà parlé comme d'une possibilité, et ça se confirme, il va passer les mois de grosse chaleur à Darhamsala, à Bhagsu pour être plus précis. Il me propose donc de venir avec lui pendant trois mois dans le nord. Je pense que mon visage a trahi ma déception. Je me faisais une fête de rester 5 mois à Varanasi, prendre un appart, me faire une petite vie, vivre les horribles mois d'été et enfin l'arrivée de la mousson. Je voulais voir Varanasi sous toutes ses coutures, sous tous les climats. Et surtout, j'aime pas des masses Bhagsu, et puis je connais déjà bien. Y'a rien à faire là-bas. Quelques promenades, ok, mais j'en ai déjà plus ou moins fait le tour, et c'est pas ce qui m'intéresse en ce moment. Je veux de la vie, comme celle qui grouille à chaque coin de rue de la vieille Kashi, pas un village artificiel désigné pour les touristes et où le seul signe de vie est celui du commerce.


On vivrait plus ou moins ensemble, dans la même guest-house, lui, moi, un autre étudiant indien, et un de ses amis flutiste (peut-être l'extrêmement talentueux Vinod). On se fera notre propre bouffe et tout. Ça aide à faire passer la pilule tout ça. Vivre pendant trois mois en compagnie de talentueux musiciens indiens, ça peut pas faire de mal. Je voulais apprendre l'hindi, c'est l'occasion rêvée. Je voulais faire de la musique, y'aura rien d'autre à faire, et je serai bien entouré. Donc en fait, c'est un mal pour un bien. Jyan se sent obligé de me convaincre (avec raison sans doute) et insiste bien sur le fait que les mois de mai-juin sont absolument invivables. Il fera près de 50°, et il n'y aura de l'électricité que 10 heures par jour, donc pas de clim (en même temps j'en ai pas de clim...), mais c'est clair que si lui un bengalis supporte pas cette chaleur, je vois mal comment un finistérien le pourrait.

Publié dans INDE

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