Scènes d'hystérie au pont Khaju

Publié le par Jullian

Une bonne journée de glande et d'écriture ou ma seule activité aura été d'aller chercher une glace et, accessoirement, a manger (de toute façon, tout est fermé, c'est vendredi).


Après tant d'efforts, on se décide, avec mes acolytes, a aller voir le quartier arménien de Jolfa, ses églises et son ambiance libérale et jeune. Mais on est trop lent au décollage, et les églises sont déjà fermées. Quant a l'ambiance djeun et décontract, faudra passer un autre jour : quartier arménien ou pas, ici aussi c'est vendredi. On est vraiment des boulets !


Mais ça reste quand même une ballade agréable dans un quartier tout de même bien a part. Entendre les cloches sonner me fait l'effet d'une madeleine de Proust, d'un bain chaud ou d'un café au lait. Surprenant.


Une vieille affiche commémorant l'anniversaire du génocide arménien lance un débat entre moi, René et Mucahid, dont les origines turques se font pour le coup bien sentir. Même la, cela reste un sujet sensible et même tabou. Si un mec progressiste comme Mucahid, qui vit en Hollande, n'arrive pas a admettre ce qui s'est pass
é, c'est pas demain que ce sera le cas en Turquie.


On oublie ça et allons au pont Khaju, le plus beau de tous. Il fait déjà nuit a notre arrivée, le pont est illuminé et, au rez-de-chaussée se trouve une assemblée d'hommes, nich
és entre les arches, en cercle. Au milieu, un vieil homme danse et tourne, presque en trans. Le public chante et tape des mains.


René et moi nous melons au public. Les deux autres ont disparu, mais on les revoit 10 mn plus tard, au coeur de la foule. D'abord Ye-Eun rentre dans le cercle et fait une de ses danses devant un public surexcit
é. Puis Mucahid se fait traîner sur la piste et se laisse vite emporter par l'enthousiasme. La foule est vraiment déchaînée, je crois pas qu'ils voient souvent des touristes, et encore moins des femmes, danser.


On les perd une nouvelle fois de vue. On en profite, en les cherchant, pour admirer le pont Khaju et prendre des photos.


De nouveau, on les retrouve au coeur du cercle. Ye-Eun, qui est étudiante en chant et musique, chante au milieu d'une foule a présent mixte et silencieuse, qui écoute avec passion sa voix mélodieuse. La chanson finie, la foule devient complètement hystérique. La sortir du cercle et l'escorter loin du pont devient un challenge. On dirait la sortie d'un concert de Britney Spears. Tout le monde lui parle (en farsi), la remercie, la félicite avec une ferveur quasi-religieuse. La pauvre Ye-Eun est débordée, dépassée.


On file donc vers la grande place a la recherche d'un salon de thé/qalyan ouvert. Grâce aux indications de nombreux iraniens, on échoue enfin dans un salon souterrain du bazar a la déco surchargée. On y tombe sur Myozuke, une japonaise en vadrouille, qui tient compagnie a un globe-trotter espagnol qui s'amuse a voyager partout ou il ne "faut" pas aller. Prochaine destination : l'Afghanistan. Il dit même qu'il aimerait aller y voir le contingent espagnol, les saluer. Leur dire quoi ? J'en sais rien, mais ça m'étonnerait pas qu'il soit reçu avec des coups de pieds au cul. Il a pas l'air très préparé ou informé, mais très enthousiaste et expérimenté. Totalement insouciant, sa bonne étoile semble veiller sur lui. Pourvu que ça dure. On finit la soirée tous ensemble et avec d'autres a l'hôtel, jusqu'au bout de la fatigue.


Publié dans IRAN

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