En route pour le Chateau des Assassins

Publié le par Jullian

A Qazvin, difficile de trouver un hôtel pas cher. C'est soit la chambre pourrie a 12 $, soit la chambre classe a 16 $ et son réceptionniste pas top aimable. Je choisis le relatif luxe de l'Hotel Iran, et inaugure la présence d'un frigo (wahou!) en achetant un gros pot de glace a la cerise que je savoure en regardant un super film hong-kongais (double en perse). C'est bien la première fois que je trouve quelque chose d'intéressant a la télé iranienne. Ça fait du bien de faire sa grosse patate de salon comme a la maison.

Assez tôt le matin, je me rends au carrefour d'où partent les savaris pour Alamut. D'après mes calculs savants mais carrément mauvais, ça ne devrait prendre que 1h30 pour y aller. A 10 000 IR la demi-heure, donc 30 000. En vrai, c'est bien plus long, donc bien plus cher, mais je le sais pas. Ils commencent a me proposer des courses a 80 000, puis 60 000, et s'arrête de négocier plus bas. Moi je reste born
é sur mon 30 000, donc je commence a marcher et faire du stop. D'autres essaient de me faire monter et proposent jusqu'à 40 000. Mais je suis plus têtu qu'une mule et continue de marcher.


Un peu plus loin, alors que je suis en train de me dire que je joue au con a chipoter pour 10 000 (1 $ je le rappelle) sans savoir si j'ai raison ou pas, un minibus bond
é s'arrête et m'invite a monter. Une vingtaine de personnes de tous âges s'y trouvent, joyeux souriants, accueillants. Ils sont de la même famille et se rendent dans un des villages d'Alamut pour y fêter un mariage. C'est le deuxième jour de fête. Déjà la nuit précédente a été agitée, et on peut le voir sous leurs yeux. On me fait une place a l'arrière avec les jeunes, dont Mohsen et Ismail, particulièrement excités de me voir. On essaie de communiquer comme on peut. Je suis l'attraction du bus et mes tentatives de discussions en farsi ou mes mimes déclenchent des avalanches de rires. Un instituteur assis a l'avant est appelé a la rescousse. Il parle un petit peu anglais, ça aide déjà beaucoup et c'est comme ça que j'en apprends plus sur leur expédition, le mariage...
Ils m'invitent a venir chez eux fêter le mariage. Je sais pas trop comment répondre a cause de leurs satanées règles de politesse qui m'embrouille le cerveau. Le proposent-ils par politesse en attendant que je décline l'invitation ? Le proposent-ils sincèrement ? Moi ça me botterai bien mais pour suivre le code a la lettre et tester la sincérité de la proposition, je commence par refuser deux-trois fois, sous le prétexte que je ne veux pas les déranger...Malheureusement, ça s'arrête sur un de mes refus, et je reste dans le brouillard et le bec dans l'eau.


Le trajet est long, le minibus très lent, poussif dans les routes de montagnes, mais la bonne humeur au sein du bus fait que ça passe vite. Ismail m'entraîne même a danser au beau milieu de l'allée pour quelques de minutes de ridicule très appréciées...
A un moment, on s'arrête pour ramener une voiture sur la route. En pleine descente, elle avait fait un tout droit dans un des 3 milliards de virages de la route, et doit le fait de n'avoir pas plongée dans le précipice a un talus qui se trouvait au bon endroit. Le conducteur est sonn
é et fatigué. Il monte dans le minibus et laisse le volant a l'instit qui ramène la petite famille a bon port.

Après 3h30 de trajet, on me dépose a un carrefour dans la montagne. Je propose de l'argent au chauffeur. Il prend 20 000. Tout le monde est content. Un panneau indique Gazor Khan, ma destination, un village au pied du château d'Alamut. Mais je sais pas a combien de kilomètres ça se trouve. Au bout de 20 minutes a marcher sac sur le dos sur une route raide et tannée par le soleil, je me dis qu'une des rares voitures qui passent serait bien inspirée de s'arrêter. Ce qui arrive enfin. En 10 mn seulement, me voila sur place, devant mon "hôtel".
Car le Khoosaran Hotel est une simple maison dans laquelle une pièce est disponible pour les voyageurs de passage. On dort a même le sol sur des matelas fins mais suffisants. Et pendant ce temps, la vie continue pour la famille. Je pose mes sacs et commence de suite la montée vers le château de Assassins.

Publié dans IRAN

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