Cérémonie de mariage

Publié le par Jullian


Montée vers le Château des Assassins. Une dizaine de touristes iraniens sont également dans les parages, grimpant les marches installées autour de l'énorme rocher pos
é sur un des sommets. C'est fatigant mais court, et on est récompensé moins par une forteresse inspirante que par des paysages magnifiques.


Le fort imprenable des Assassins ressemble plus aux ruines d'une ancienne ferme, avec ses étables, ses zones de stockage, et ses murs très bas. Pas forcement évident d'y imaginer "Fort Alamo" ou des fêtes dyonisiaques. Mais les montagnes et la vallée sont belles et ça me suffit amplement.


De la-haut, j'entends de la musique dans le village. Des tambours et des clameurs. Je descend mais le village est de nouveau calme. Je me ballade alors dans les petites allées du village, dévisagé comme un extraterrestre. Je me fais rapidement arrêter et inviter a boire un thé, dans la rue, sur le seuil d'une petite maison. Bientôt toute la famille arrive.


Je me retrouve, tasse a la main, avec le père, les deux oncles, la mère, les trois enfants et un jeune voisin, qui m'entourent et essaient d'en savoir un peu plus sur moi avec les quelques mots qu'on a en commun. Échange d'adresse standard et je repars en vadrouille.


De retour sur la place centrale, la musique se fait de nouveau entendre. Une procession de mariage apparaît. La mariée, dans une classique et belle robe blanche, mène la foule, entourée de femmes qui tiennent des miroirs point
és dans sa direction. Deux musiciens donnent du rythme avec un large tambour (un daf je crois) et une sorte de bombarde, jouant des airs répétitifs.


Le probable témoin et/ou frère de la mariée, difficile a dire, lance des fruits et friandises dans la foule. Les enfants du village, et pas qu'eux, plongent frénétiquement dans tous les sens pour les attraper.


Ça ne dure pas 10 minutes que la procession reprend son chemin et disparaît. Pour réapparaître une heure plus tard, accompagn
é de la même musique. La mariée est habillée différemment (une robe rose) mais la cérémonie reste identique.


Plus tard, sur la petite place qui se trouve sous le toit de la pension, commence la première cérémonie de danses folkloriques. La première d'une longue série qui s'étale sur deux jours. Les musiciens ont chang
és mais pas la musique.


Le village se rassemble en cercle autour des danseurs qui chacun leur tour se défient. D'abord un petit round d'observation ou deux hommes se tournent autour en dansant, sautant d'un pied sur l'autre, et en faisant des arabesques avec les mains. Puis le rythme de la musique change et les danseurs se mettent en position d'attaque, une main dans le dos et l'autre prête a frapper.


Je comprends pas trop les "règles" de ce combat chorégraphi
é, mais toujours est-il qu'ils finissent par se foutre des baffes, le plus souvent feintes ou retenues, mais parfois des vraies bonnes claques. Tout dépend des participants. Au bout d'un moment, je reconnais les participants qui frappent pour de vrai, et comme la foule je suis excité par anticipation quand ils montent sur le "ring".


A chaque vraie baffe, un puissant "Woooouh" s'élève de la foule, comme si la victime venait d'être humiliée ou ridiculisée. Les danseurs sont presque toujours les mêmes, peut-être 10 jeunes gens qui semblent être les "témoins" du marié, et sont les acteurs principaux de la plupart des différents rituels (sachant que je ne verrais que les rituels concernant le marié ; je ne reverrais plus la mariée après ces premières processions).


La foule est aussi en majorité peupl
ée de jeunes (a l'image de la population iranienne, dont 70 % a moins de 25 ans). Parmi ces jeunes, qu'ils aient 10 ou 20 ans, il y a une étonnante proportion de petits cons (et je reste poli). Pour eux, je semble être une attraction plus intéressante que le mariage. Ça y va allègrement avec les "Mister", "Hello", "What's your name ?", puis dérive rapidement vers des blagues, des rires moqueurs, des insultes que je ne comprend pas mais devine. Certains acceptent mal mes répliques, et je me fais vite inviter a participer a la danse. Je refuse par gêne et parce que ça semble évident que certains d'entre eux n'attendent qu'une chose, c'est de pouvoir me foutre une grosse beigne et faire voler mes binocles, m'humilier en prétendant que ce n'est qu'un jeu, une coutume.


Deux jours comme ça, deux jours de patience, de baston de regards, d'insultes réciproques, deux jours de contrôle de soi. Jusqu'à ce que je m'énerve pour de bon, gueule un bon coup, commence a pousser quelques petits cons, a en attraper un par le col en le menaçant. Alors seulement j'obtiens un peu de (relative) tranquillité.
Malheureusement, cette expérience est a l'image de ce que je vivrais dans tout l'Iran. A savoir qu'on y trouve a la fois des personnes incroyables avec un coeur énorme, et une quantité impressionnante de connards (en grande partie des jeunes) qui se foutent de toi ou viennent te faire chier pour te taper du fric. Parce que tu n'est qu'un (sale) riche alors donnes, ça te coûte rien, sale con de touriste. Vraiment ! Juste comme ça ! Texto dans un des cas que j'ai rencontr
é.


Je reviens a mon mariage, ce qui est bien plus plaisant. Après ces combats chorégraphi
és, des danses de groupes de style kurdo-breton (ce qui est quasi-similaire) et le passage, chacun leur tour, de femmes et de couples aux mouvements élégants, on fait une pause, alors que d'autres vont finir de préparer le repas.


A ce moment, un jeune couple de hollandais, Erik et Marika, reviennent du château. Eux aussi restent dormir a Gazor Khan a la pension Koohsaran. Marika est chargée du programme culturel dans l'université d'Eindhoven alors qu'Erik est auteur et metteur en scène de théâtre. Il écrit uniquement des pièces politiques et est particulièrement intéressé par le Moyen-Orient. Il ne voyage donc pas uniquement comme un simple touriste mais essaie de réunir des informations, de combiner plaisir et recherche.


On se fait tous trois inviter au dîner du soir. Erik et moi nous asseyons dans un grand jardin ou tous les hommes se mettent en cercle sur une nappe géante. Marika doit elle se rendre dans une maison avec les autres femmes. On doit bien être 80 bonshommes assis la. Je m'attendais a une grosse bouffe et une fiesta mais le dîner est vite expédié, et dans un relatif calme. D'un coup, tout le monde se lève après ce qu'on croyait être les entrées. Ah bon ! C'est tout ?! Même pas pris le temps de faire une photo, vu que j'attendais que ça s'anime. Du cot
é de Marika, ça dure plus longtemps, et elle aura droit a des chants et des danses, auxquels elle se devra de participer. Je pensais bien que ce serait plus fun du coté des nanas. Dommage qu'on puisse jamais y assister.
Calme plat pendant une heure et demi. Puis vers minuit, rebelote. Des petits feux d'artifices, de nouvelles cérémonies et danses dont le mari
é est au centre. Une bonne demi heure bien remplie et tout le monde se rentre.

Publié dans IRAN

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J
Ton journal de voyage est sensible, intelligent. Tes photos superbes. On a le sentiment que tu as saisi la quintessence de l'Iran que pour ma part je cherche aussi, écrivant depuis deux ans sur ce pays.Bravo.
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J
<br /> Merci beaucoup. Venant d'un connaisseur, c'est agréable. Tu écris sur l'Iran ? Ca doit pas être simple, vu la complexité<br /> de ce pays. Si jamais un de tes textes se trouvent un jour sur le net ou ailleurs, dis le moi, ça m'intéressera forcément.<br /> <br /> <br />