Objectif nul

Publié le par Jullian

J'ai pas le temps de profiter bien longtemps de mon état d'esprit vaporeux, après la rencontre avec le fakir, parce que je dois me mettre en condition pour voir ou en sont mes sous-doués avec la réparation de mon objectif. Arrivé au magasin avec une heure de retard, ils sont en train de commencer a le remonter, il faut que j'attende une heure de plus. Ok, je vais attendre dans le parc. Ça va peut-être marcher, et puis mon gourou m'a dit de respecter tout le monde, même les êtres les plus misérables. Dans le parc, j'essaie de mettre en notes ce que m'a dit Baba, mais je suis assailli par des vendeurs en tous genres. Un d'entre eux me "répare" une de mes sandales contre mon gré et l'assurance de n'être pas payé. Une demi-heure plus tard, la partie recollée se décolle de nouveau. Un nettoyeur d'oreilles me fait tellement chier que je le laisse faire pour avoir la paix. Il sort des immondices pas possible avec un long et fin bâton. Il fouille bien et je sens que ça bosse, mais je suis pas sur qu'il sort pas ces cochonneries de ses poches plutôt que de mes oreilles. Il me montre une nouvelle fois son carnet de gens satisfaits et épatés, et me montre le prix qu'ils disent avoir payé pour ce "fabuleux nettoyage en profondeur qui coûterait une fortune en institut ou chez le médecin". Il me montre des 1500, 1200 Rp. Je lui ris au nez, lui dit d'arrêter de déconner, et lui donne 100 Rp. Il fait grise mine et finit par les prendre en souriant. Enfin tranquille.

Mes guignols me redemandent une heure de rab. Ça marche pas. Ils se foutent de ma gueule, ma parole. L'ambiance guru peace and love a complètement disparu. Je pique une nouvelle crise et suis pas loin de devenir violent. J'ai vraiment envie de les frapper. L'un me répond par un regard également méchant et silencieux, l'autre s'étale en pardons, excuses et explications, comme quoi c'est pas leur faute. Le machin tout neuf qu'ils ont mis dedans ne marche pas. Comme hier, quoi ! Ça avance ! Et pourquoi mon autofocus arrête pas de s'agiter comme un papillon de nuit sur une ampoule, sans jamais se fixer nulle-part ?! (je vous rassure, quand je gueule comme un putois, je cause pas en métaphores et avec un langage si fleuri, c'est beaucoup plus primaire et vulgaire, remplis de "fuck" et de grognements neandertaliens).


Ils appellent un mec de Canon, qui arrive après un moment. Il me montre sa carte. Il bosse bien pour Canon, apparemment, mais au "Call Center". J'ai envie de lui dire que tout ce que ça me prouve, c'est qu'il sait répondre au téléphone et lire ce que son ordi lui dit de dire quand des gens désespérés appellent a l'aide. Mais je me retiens et le laisse farfouiller mon appareil a son tour. Il a tout l'air de découvrir un continent inexplor
é et mysterieux, ce qui me fout encore plus les nerfs. Je reste dans son dos a fulminer et surveiller pendant les "20 mn" de la réparation qui dureront bien 5 fois plus. La galerie va fermer et on en est au même point, donc dans le brouillard, et mon objectif a même de nouveaux défauts a présent. On est samedi soir. Dimanche c'est fermé. Ils veulent jusque lundi après-midi. Gueuler après eux, c'est pisser dans un violon, mais je peux pas faire autrement. Je parle même d'aller voir la police, de leur foutre mon poing dans la gueule, de les écarteler en place publique, les donner a manger au vautour, et leur faire avaler une assiette entière de betterave. Rien n'y fait. Il faut que je me fasse une raison. Ils me prêtent un petit objectif minable pour le week-end. J'ai l'impression de mettre un pot de mobylette sur une formule 1. Ils me promettent de m'apporter le tout directement a mon hôtel. Je pars énervé, impatient et incrédule quant a l'issu de ce bordel sans nom.

Mes insomnies empirent jour après jour. J'écris. Je blogge. Le lundi, j'attends en vain mon messager jusqu'au soir. Totale nuit blanche. Du coup je suis lev
é tôt et vers 10h, je me rends avec l'envie d'en découdre au magasin. Le même duo m'accueille. L'un toujours paré de son regard méprisant pour l'hystérique grossier que je suis, et l'autre avec un regard servile qui a peur d'afficher la satisfaction d'avoir enfin réussi son travail. Plus de problème d'obturateur, l'autofocus marche normalement. Le zoom est toujours dur, mais j'avais fait une croix dessus. Je paie et pars sans un sourire, en les remerciant peut-être, mais pas sur.

Je suis maintenant libre de me barrer de Delhi et de prendre des photos. Libre, et immédiatement malade. Une nouvelle nuit en enfer qui se corse d'une tourista. Le lendemain, je demande ou trouver une pharmacie au manager. Il me répond : "Homéopathique, Allopathique, Ayurvedique ? - Euh...je sais pas, juste une pharmacie, peu importe".

Publié dans INDE

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