Rencontres et expéditions

Publié le par Jullian

Je me tape la queue a l'ATM (distributeur automatique), qui fonctionne comme un bandit-manchot. On trépigne sur place, en attendant son tour, scrutant les visages qui sortent du distributeur, dépités ou souriants.
"Alors ?
- Ben, c'est bon. Pour moi, ça a marché."
Les perdants restent a coté, défaits, pret a y retourner, refusant d'y croire. Ils sont bons pour une demi heure de bus jusque Darhamsala et le prochain distributeur.

Sarah passe presque toute la journée a prier et organiser les repas avec le couple de la maison juive. Quelle santé ! La mienne justement se détériore, encore...Un bon gros mal de crane me met KO. J'essaie d'écrire, j'essaie de lire, mais ne réussi qu'a dormir.


Le lendemain, j'agrémente le tout d'une bonne fièvre et une grosse fatigue. Paradoxalement, l'écriture se passe comme un charme.


En fin de journée, on rencontre Amihail (un des israéliens de Nako, le taciturne heureux) qui me tombe dans les bras en rigolant. Il est en compagnie de la charmante Hodia, une française qui vit en Israel depuis quelques années. Elle étudie a l'équivalent des Beaux Arts de Jerusalem, travaillant sur des oeuvres conceptuelles sur différents supports, en particulier sculptures et vidéos. C'est pas désagréable de pouvoir parler français un peu, ou de lui parler tout court.


Le lendemain matin, Sarah, Hodia et moi rejoignons Amihail a sa guest-house, un peu plus haut, a Darhamkot, village dispersé a flanc de colline, paisible et encore plein de végétation, préservé (pour combien de temps ?).


Nous quatre et Eyal, un autre israélien d'une bonne centaine de kilos, on part en expédition vers une cascade dans les collines. Ça monte sévère par moments. Les filles partent devant, Amihail et moi prenons le rythme d'Eyal, dont la grande carcasse est plus difficile a bouger. Et ouais ! Solidarité masculine. Prenez-en de la graine, les nanas.


La route est belle, et les paysages verts a perte de vue. Ça prend un bon moment, cette petite sortie, et on commence a se demander si on s'est pas gouré de chemin quelque part. On entend la rivière au fond de la vallée mais pas de cascade avant 2h30 de marche.
Enfin le grondement attendu, et un chemin traversé par des sources qui nous mène a une plate forme rocheuse, au pied de la cascade.


Une petite cahute se tient la, tenue par un indien nonchalant qui n'a rien a faire a part somnoler. On pose nos sacs. Je pars crapahuter dans les gros rochers ronds qui entourent la chute. Sarah, puis Amihail, vont se baigner dans l'eau gelée. Je sais pas si c'est l'armée qui les a fait comme ça, mais ils ont vraiment pas peur. Eyal arrive un peu plus tard, et plonge a son tour.


Je rejoins Hodia, qui se la coule douce en silence. Pas d'opération commando pour elle, qui préfère fumer tranquillement. " Ça fait plaisir d'être entre français. Au moins, y'a personne pour me faire la morale parce que j'allume une clope".


Sarah revient se sécher et fait glisser son appareil-photo dans l'eau en prenant sa serviette. Amihail s'assied, encore tout humide sur un rocher et joue des airs féeriques sur sa flûte. Image clichée d'un conte de fées sauce hippie. On pique-nique sur place. Le classique pain, trina, légumes, et des oeufs et du thé concoctés par l'homme du resto de poche. J'ai une discussion intéressante avec Eyal sur les relations franco-israéliennes, la façon dont la France est perçue (comme un fidèle allié des arabes, et donc en ennemi d'Israel)...


A notre départ, l'indien commence a jouer de la flûte. Des airs envoûtants et virevoltants qui accompagnent notre marche pendant quelques minutes. La solidarité masculine a finalement ses limites...Marcher si lentement me stresse et me frustre. Je pars devant a un rythme sportif. Le trajet, en descente, est torché en 30 mn. Eyal, dernier arrivé, met près d'une heure de plus. Ses genoux fragiles apprécient pas plus les descentes cahoteuses que les montées difficiles. La brume a déjà enveloppe la vallée, les habitations flottent dans une atmosphère fantastique.


En fin de journée, je reconnais la moto de Shlomi. Sarah va pour emprunter un papier au resto a coté pour lui écrire un mot, et il est assis la, sirotant un thé. Grandes embrassades et sourires jusqu'aux oreilles. C'est bon de se revoir. Keren est repartie au pays, a sa mère, et a ses "enfants", comme elle appelle les ados dont elle s'occupe. Ils ont passés leurs derniers jours dans la Kullu Valley. Shlomi s'est improvisé la-bas cuisinier en chef des festivités de Hoshashana, préparant la bouffe pour 200 israéliens (ici, il y en a eu environ 1500 pour la même soirée !).

On passe la soirée ensemble, rejoints par Amihail et Hodia. Je discute un peu avec cette dernière, en français, ce qui nous fait des vacances. Soirée pépère qui se poursuit avec Sarah et Shlomi, a fumer des pet' sur le balcon de la chambre de ce dernier. On discute, on rigole, on prevoit de se faire un trekk ensemble le surlendemain. Sarah ne se sent pas bien soudainement. Elle a pas l'habitude de fumer. Elle soupçonne son repas du soir. Dans tous les cas, elle verdit et va se vider les intestins aux chiottes. Elle n'est plus qu'une ombre quand elle en sort, luttant pour tenir debout. Je la raccompagne a l'hôtel, ou elle étale avec soulagement sa silhouette titubante.


Nouvelle journée, consacrée en grande partie a faire des courses. A McLeod, je craque sur une petite veste en patchwork tibétain et capuche de lutin qui ira comme un gant a Maissanne. J'achète des couverts, une gamelle, un couteau, et de la bouffe pour le lendemain (c'est jour de trekk mais aussi shabbat).


Près de mon hôtel, un chien se tient debout, immobile, hagard, haletant, une écume blanche coulant de sa bouche, et une flaque de merde d'aspect douteux a ses pattes. Seul au milieu d'un tourbillon de touristes, luttant contre la mort qui l'a déjà dépossédé de sa dignité. Quelques heures plus tard, le petit évènement fait parler de lui, et j'apprends qu'on a abrégé ses souffrances.


Pour le reste, ma journée se passe comme une paisible routine. Shlomi nous a convaincu de partir de Bhagsu a 5h du matin, pour arriver sur place avant que la brume ne soit levée. Donc on traîne pas trop avant de se coucher.

Publié dans INDE

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J
Quelle chiotte ! Desole Adrien. Une mauvaise manip et au lieu de publier ma reponse a ton commentaire, ben j'ai tout efface...Sympas d'apprendre en tous cas que je fais des addicts. Je suis desole pour le sevrage long et difficile, c'est vrai que j'ai abuse. Je suis maintenant 4 mois en retard sur le blog (j'en ai fait des trucs depuis), et ca va etre coton a rattrapper. Mais maintenant j'ai un laptop, et ca m'a redonne le gout d'ecrire. je bosse dessus en ce moment, et d'ici peu je devrais pouvoir te donner ton fixe plus regulierement.A+ Adrien
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J
<br /> Ah ben je viens de retrouver ton commentaire dans la corbeille. Quel boulet je fais...<br /> <br /> <br />
A
Oulalala 31 jours sans de nouvelle fraiche, mon bol d'air frais de voyage et d'aventure me manque dans ma chambre de 10 m². Je vis vos aventures au fils de vos posts, révant un jour peut être si le destin le veut bien de faire de même. Alors une désintox aussi net me m'est mal a l'aise, j'ai des sueurs des vertiges j'ai beau essayer d'autre site de tour du monde je reste a sec et je pense bientot avoir une overdose d'ennuie... (trés grave).En esperant que tout ce passe bien pour vous et a bientot Adrien
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