Loin de Beyrouth

Publié le par Jullian


Le lendemain, Luigi et moi allons dans le sud, vers Saida, puis Sour. Saida (Sidon) est un petit port tranquille. Son seul monument notable est un petit château qui s'avance dans la mer. C'est ce qu'on vend aux touristes pour qu'ils viennent ici, mais l'intérêt se trouve ailleurs (le château est plutôt minable). Le port a son charme, mais surtout la vieille ville et son souk sont envoûtants.


L'atmosphère, l'ambiance, les lumières et les couleurs, les tonnes de fils électriques qui se balancent entremêlés, les peintures décrépites, les enfants qui jouent, les vieux qui traînent, les marchands et locaux agréables, polis et accueillants, sans être agressifs ou insistants. On dirait un concentré de Syrie, ça contraste fort avec Beyrouth.


On reste peut-être deux heures a se promener dans les dédales de la vieille ville. A chaque virage, une nouvelle photo, une belle image, une lumière inédite, une géométrie particulière. On y mange aussi, s'arrêtant pour des fruits, des pizzas libanaises, des gâteaux. Je suis sous le charme de la ville, j'y serai bien resté, mais j'ai aucune affaire, je suis censé dormir au Talal's, et trouver un hôtel pas cher est supposé impossible ici.


Tant pis, on pousse jusqu'à Sour (Tyre), toujours le long de la Méditerranée. Ici les choses a voir, c'est les ruines romaines, dont un hippodrome. La chaleur est vraiment étouffante. On longe le bord de mer a la recherche des ruines qu'on finit par apercevoir au loin.


Un vieux nous alpague en français et nous traîne dans un cimetière pour avoir la meilleure vue sur les colonnes qui font face a la mer. Le cimetière est particulier. Il est divisé en trois, une partie catholique, une musulmane et une juive. Et les tombes juchent plus ou moins au milieu des ruines, morceaux de colonnes et autres. Le vieux, qui est posé dans le cimetière avec ses affaires, nous montre sa collection de pièces et statues anciennes, qu'il vend bien sur. Il dit les avoir trouvé dans l'eau, sur le bord, juste en face, et qu'il y a encore des tas de choses enfouies la. Y'a qu'a aller les chercher. Je crois volontiers tout ça et ses pièces sont probablement authentiques, mais je verrais plus tard pour les achats d'antiquités auxquelles je connais rien. Le prix d'entrée du site est décourageant alors on se contente sans remord de la vue du cimetière, et on se rend au deuxième site, plus important, dans la ville même. On arrive devant l'enceinte, située au milieu d'immeubles style HLM pourris a la droite, et du camp de réfugiés palestiniens a la gauche. L'entrée est exactement a l'opposé. On se demande par quel coté on va atteindre l'entrée quand un jeune libanais, toujours en français, nous invite a le suivre et nous montre un trou dans le grillage. Il dit que tout le monde passe par la et que y'a pas de problème. Ok, Yallah !


Et en effet, après un terrain vague, on se retrouve au milieu des ruines, se balladant dans ce qui reste de l'hippodrome, et pas de gardien a l'horizon. Il doit faire la taille d'une grande piste d'athlétisme, la forme est encore bien visible, et il reste quelques tribunes en bon état. Ça devait être impressionnant a l'époque.

Après un p'tit moment a flâner, on sort par l'entrée officielle. Notre station de bus est de ce coté donc on tente le coup, s'attendant a se faire prendre par les gardiens. On marche devant eux l'air aussi innocents que si on s'était mis a siffloter, mais ils s'en fichent, et on sort sans problème. On se trouve un minibus qui rentre direct sur Beyrouth. La-bas, discussion acharnée avec le taxi pour nous emmener a l'hôtel au prix juste, c'est-a-dire celui qu'on a payé le matin même pour le même trajet. Il finit par se dire d'accord pour un prix, mais se met a le discuter de nouveau sur le trajet, demandant moitié plus. C'est-a-dire moitié pas grand chose, peut-être 2 $ de plus. Je lui fait comprendre qu'il peut toujours attendre, un deal est un deal. Moi quand je me rends compte en chemin que je me suis fait blouser, je reviens pas dessus, j'ai perdu, un deal est un deal, c'est le jeu (ce qui m'empêche pas de les maudire). Ces putains de chauffeurs libanais ont aucun honneur, aucun principe, ça m'énerve ! Alors ça gueule un peu, et Luigi me demande de m'asseoir sur mon dollar, que ce n'est qu'un dollar...Je cède en grognant, pour Luigi, et pour préserver la paix sur terre et toutes ses conneries, mais je reste convaincu que pour un kopeck ou trois lingots d'or, c'est pareil dans le fond, c'est une question de principe, sinon ça sert a rien qu'on marchande des heures a trouver le bon prix.

Publié dans LIBAN

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