Peuple désespérant cherche sauveur
Les iraniens sont tristes dans tous les sens du terme. Quand on discute avec des iraniens suffisamment longtemps, alors ce qui frappe est leur tristesse, et le fait que, pour la grande majorité, ils ont abandonne tout espoir de changement et toute volonté de se battre. Partout, tous se plaignent de leur gouvernement, des interdits, de l'absence de liberté. Ils se plaignent, ils geignent...Ils font le deuil de leur liberté et de leur bonheur de la même façon qu'ils font le deuil de leurs Imams. Une incroyable passivité qui en devient irritante. Personne n'essaie de changer les choses, de sauver leur vie ou leur pays. Au contraire, ils se reposent sur l'attente improbable, sur l'arrivée miraculeuse d'un sauveur. Peut-être le retour de Mahdi, le dernier Imam, qui n'est pas mort mais se cache depuis des siècles, attendant son heure. Ou sont les figures d'oppositions, ou est la résistance, ou sont les mouvements étudiants, les politiciens en exil qui influencent le peuple depuis l'étranger ? Ou est l'étincelle qui redonnerait espoir et courage aux iraniens ?
Les iraniens avec qui on en parle ouvertement se repose sur la génération suivante. "Il faut attendre que l'ancienne génération ait disparue. Les jeunes vont changer tout ça une fois qu'ils seront au pouvoir". Selon moi, c'est leur accorder une grande confiance, surtout considérant qu'une grande partie d'entre eux se désintéresse totalement de la politique, désabusés jusqu'à un point de non retour. Lukas pense aussi que le fait que ce soit la religion qui soit au pouvoir complique les choses également. Comment s'opposer a la religion dans ce pays ?
Paradoxalement, le pays semble au bord de l'explosion. Et en même temps, moi comme d'autres, iraniens, ou fins connaisseurs, ne voyons pas la révolte arriver. Les gens sont a crans, frustres, énervés, désespérés. L'ambiance dans les rues de Teheran est délétère. Des gens se gueulent dessus pour des broutilles, et en arrivent aux mains parfois, non loin de policiers qui, la plupart du temps, se foutent a peu près de tout ce qui peut se passer.
70 % de la population a moins de 25 ans, le chômage atteint des sommets insupportables, la drogue se propage a vitesse grand V. Une génération désoeuvrée dont une partie importante devient mauvaise, incivilisee, haineuse. A l'image du nombre incalculable de jeunes qui m'insultent dans les rues, les gares, sans compter ceux auxquels je ne fais pas attention. En me balladant avec Lukas, qui parle farsi, il me disait d'un air tranquille : "Tiens, le mec qu'on vient de croiser nous a insulte en passant".
Lukas encore, alors qu'on allait peinard au restau, a été victime d'un vol a l'arrachée. Deux motos, deux jeunes par motos. L'un d'entre eux saute sur le trottoir quelques mètres derrière nous, attrape le sac en toile pourri de Lukas (contenant son superbe appareil-photo et son nouveau bijou d'objectif a 1000$, qu'il trimballe la-dedans pour être discret). Heureusement, Lukas a un bon réflexe (après avoir eu la mauvaise idée de laisser son sac en bandoulière sur une seule épaule), nourri par le feeling, une seconde en avance, qu'un truc du genre va arriver. Il retient son sac de toutes ses forces. Tous deux gueulent en farsi. Lukas essaie de choper le petit con mais il saute vite sur la moto qui s'enfuie. Ils partent en nous couvrant d'insulte, et font de même en repassant dans l'autre sens a pleine vitesse. Ce genre de vol peut arriver a peu près partout dans le monde, mais ça reste un bon symptôme et surtout c'est la goutte de trop. Nous sommes tous deux dégoûtés de ce pays. Lukas, venu ici il y a 3 ans, en gardait le souvenir d'un pays merveilleux peuple de gens fabuleux. Il ne comptait pas une seule mauvaise rencontre, pas un seul problème. C'est la totale désillusion pour lui. Il n'attend qu'une chose, se barrer d'ici !
Leur tristesse, leur passivité n'appelle plus la sympathie, la compassion, mais l'agacement, la pitié voire le mépris. Quant a l'agressivité des jeunes, n'en parlons plus. Certains iraniens font le choix de se barrer. Partir étudier a l'étranger et si possible y rester. Je ne vois pas comment les choses pourraient changer. Reste plus qu'a attendre le retour de Mahdi, alors ?
Les iraniens avec qui on en parle ouvertement se repose sur la génération suivante. "Il faut attendre que l'ancienne génération ait disparue. Les jeunes vont changer tout ça une fois qu'ils seront au pouvoir". Selon moi, c'est leur accorder une grande confiance, surtout considérant qu'une grande partie d'entre eux se désintéresse totalement de la politique, désabusés jusqu'à un point de non retour. Lukas pense aussi que le fait que ce soit la religion qui soit au pouvoir complique les choses également. Comment s'opposer a la religion dans ce pays ?
Paradoxalement, le pays semble au bord de l'explosion. Et en même temps, moi comme d'autres, iraniens, ou fins connaisseurs, ne voyons pas la révolte arriver. Les gens sont a crans, frustres, énervés, désespérés. L'ambiance dans les rues de Teheran est délétère. Des gens se gueulent dessus pour des broutilles, et en arrivent aux mains parfois, non loin de policiers qui, la plupart du temps, se foutent a peu près de tout ce qui peut se passer.
70 % de la population a moins de 25 ans, le chômage atteint des sommets insupportables, la drogue se propage a vitesse grand V. Une génération désoeuvrée dont une partie importante devient mauvaise, incivilisee, haineuse. A l'image du nombre incalculable de jeunes qui m'insultent dans les rues, les gares, sans compter ceux auxquels je ne fais pas attention. En me balladant avec Lukas, qui parle farsi, il me disait d'un air tranquille : "Tiens, le mec qu'on vient de croiser nous a insulte en passant".
Lukas encore, alors qu'on allait peinard au restau, a été victime d'un vol a l'arrachée. Deux motos, deux jeunes par motos. L'un d'entre eux saute sur le trottoir quelques mètres derrière nous, attrape le sac en toile pourri de Lukas (contenant son superbe appareil-photo et son nouveau bijou d'objectif a 1000$, qu'il trimballe la-dedans pour être discret). Heureusement, Lukas a un bon réflexe (après avoir eu la mauvaise idée de laisser son sac en bandoulière sur une seule épaule), nourri par le feeling, une seconde en avance, qu'un truc du genre va arriver. Il retient son sac de toutes ses forces. Tous deux gueulent en farsi. Lukas essaie de choper le petit con mais il saute vite sur la moto qui s'enfuie. Ils partent en nous couvrant d'insulte, et font de même en repassant dans l'autre sens a pleine vitesse. Ce genre de vol peut arriver a peu près partout dans le monde, mais ça reste un bon symptôme et surtout c'est la goutte de trop. Nous sommes tous deux dégoûtés de ce pays. Lukas, venu ici il y a 3 ans, en gardait le souvenir d'un pays merveilleux peuple de gens fabuleux. Il ne comptait pas une seule mauvaise rencontre, pas un seul problème. C'est la totale désillusion pour lui. Il n'attend qu'une chose, se barrer d'ici !
Leur tristesse, leur passivité n'appelle plus la sympathie, la compassion, mais l'agacement, la pitié voire le mépris. Quant a l'agressivité des jeunes, n'en parlons plus. Certains iraniens font le choix de se barrer. Partir étudier a l'étranger et si possible y rester. Je ne vois pas comment les choses pourraient changer. Reste plus qu'a attendre le retour de Mahdi, alors ?