Cache-cache dans les immeubles de luxe

Publié le par Jullian

Je passe la matinée dans les agences de voyage, poireautant pour rien, trouvant peu d'aide et d'intérêt. Ils sont tous débordés et tout est complet, retour de week-end oblige. Ça fait drôlement chier, parce que je venais aussi a Mashhad pour la perspective du long voyage en train qui m'aurait tranquillement ramené sur Teheran. Pour le lendemain, c'est le même topo, et de toute façon je veux me barrer au plus vite de cet endroit, alors je vais a la gare routière et prend un ticket pour un bus de nuit.

Départ 20h, dixit le ticket et le vendeur. En réalité, c'est 22h, le temps de remplir le bus probablement. J'aurai pu m'éviter une suée en courant partout pour attraper mon bus a temps, étant moi-même a la bourre. L'ambiance dans le bus est conviviale, les gens sont heureux d'avoir fait leur pèlerinage. Deux vieilles sont toutes excitées et arrêtent pas de raconter des conneries qui font la rire la moiti
é du bus (l'autre moitié ne les entend pas). Le trajet est long. On arrive a Teheran vers 12h. Je prends le métro qui m'emmène près du Mashhad Hotel, pour rester dans le thème.

Je prend un lit dans le dortoir et m'enquis de mes livres, que j'avais inconsidérément confi
é a Jan, le hollandais (confier quelque chose a un junkie, quelle idée !). Cette buse est partie en laissant mes bouquins dans la chambre, a la merci de tout le monde. Ça lui serait pas venu a l'esprit de les laisser a la réception. Trois d'entre eux ont disparu. Dont mon Cervantes, que je m'étais mis en tête de lire aussitôt. Frustration. Enfin...Je me console avec "Le vieil homme et la mer" d'Hemingway. Dont la qualité est d'autant plus évidente que je le lis après ce satané "Moby Dick". En voila une vraie partie de pêche qui a de la gueule.

Je vais manger un bout et tombe de suite sur Lukas. Il m'invite pour une ballade dans le nord de Teheran. J'aurai bien fait une sieste mais bon, je dormirais quand je serai mort. Il pense s'acheter un bijou d'objectif ici (beaucoup moins cher qu'en Europe), en calculant qu'au pire, il pourra le revendre après, encore plus cher qu'il ne l'a pay
é. Alors on se rend au magasin qu'il a repéré, dans une galerie marchande chicos. Moi, ce que je remarque, c'est la pâtisserie et tous ces gâteaux bourgeois qui me font de l'oeil. Mon porte-feuille va bouder mais mon estomac et mon palais vont m'adorer. Un jeune et sa mère sont la. Le jeune est tout excité de voir un étranger. Il me parle et m'offre un gâteau. Échange d'e-mail. On peut venir manger a la maison...Ouais ouais, bien sur, super, ben on a qu'a faire ça alors. On s'appelle hein ? Il fait la même parade a Lukas qui attend a la sortie du magasin. Le soir même, on reçoit chacun un mail, puis deux, ou il nous dit qu'il n'a pas d'amis, et qu'il aimerait bien qu'on soit amis et qu'on aille en week-end avec sa soeur a la montagne. Le tout avec plein de photos ridicules de lui en pièce jointe. Wahou ! Ça c'est un collector. Dis, tu veux venir avec moi jouer dans la montagne ?


Lukas en a plein le dos de ses cours, plein le dos de Teheran, plein le dos de l'Iran. Il lui reste encore trois semaines a tirer avant de s'envoler pour le Yemen. Mon départ pour l'Inde lui donne des idées. Il se ferait bien deux semaines en Inde, histoire de changer d'air et faire le plein de photos. On va essayer de partir ensemble. Son humeur change alors complètement. Il est tout léger, voit des jolies filles partout, a qui il fait systématiquement les yeux doux. Je m'amuse a le voir poser des questions a des inconnues alors qu'il a encore de la crème au coin de la bouche (ils étaient bons les gâteaux). Je change des dollars pendant qu'il zieute la guichetière d'à cot
é avec un grand sourire...


Tant qu'a être dans un grand immeuble, on essaie de voir si on peut aller sur le toit. Y'a pas moyen, mais on trouve une belle vue quand même, avec trois immeubles impressionnants en face, et une énorme piscine vide qui attire l'oeil de Lukas. Votre mission, si vous l'acceptez, sera de trouver un moyen d'atteindre cette piscine en contournant les entrées officielles et leur personnel de sécurité. Pendant plus de 20 mn, on déambule dans un labyrinthe de couloirs remplis de bureaux en tous genres, dans les sous-sols, les parkings, les salles de personnel, les locaux a poubelle...On se prend pour des espions en pleine infiltration. Et on finit par trouver notre piscine, décevante de près. On essaie une nouvelle fois sans succès d'atteindre les toits. 30eme étage, tout ce qu'on trouve c'est les portes fermées d'appartements de luxe. Mais on s'est bien amus
é.

Publié dans IRAN

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